Le Ney

Publié le par Cordoba d'Alger


                                                                      


Le ney (
persan ou turc), nay, naï ou nai (arabe) est une flûte oblique à embouchure terminale en roseau, originaire d'Asie centrale, dont les plus anciennes formes datent de l'âge des pyramides (représentation sur des peintures tombales égyptiennes vers 3000-2500 av. J.-C.).

Tous ces noms homophones proviennent d'un unique mot persan signifiant « roseau ». La prononciation est (phonétique) "naj" pour l'orthographe nay, et "nɛj" pour ney. Par commodité, le terme ney sera utilisé pour les flûtes obliques turques et persanes, et le terme nay pour la flûte oblique arabe. Il ne faut pas les confondre avec le naï ou nai roumain qui n'est pas une flûte oblique à embouchure terminale mais une flûte de pan.

Ce sont trois instruments de musiques savantes joués dans le monde arabe, turque et persan, à ne pas confondre avec d'autres flûtes populaires en roseau de ces mêmes régions : narr (Pakistan), gasba, guesba, fahal, jawak, awada (Maghreb), kawala, suffara, gharb (Égypte), shabbaba, shbiba, lula (Iraq), kaval turco-balkanique (dérivé en bois) ou blul (Arménie). Ces flûtes diffèrent autant par la facture que par le répertoire ou les techniques d'exécution particulières.

Le ney « savant » apparait à la faveur des concerts spirituels de Jalal Ud Din Rumi, les samâ's, s'inspirant du Mathnavi, son œuvre maîtresse où il se compare à un ney. C'est donc les derviches soufis de la confrérie Mevlevi qui seraient responsables de son perfectionnement et de sa propagation du monde turco-persan au monde arabe.

Sachant que les théories musicales de ces cultures sont différentes (le congrès du Caire (en 1932) a mis en évidence des disparités sensibles dans les échelles (toutes non tempérées), et dans le moyen de les construire), ces instruments montrent des particularités selon l'aire d'usage, utilisant des gammes propres chacune à ces musiques respectives (les micro intervalles nécessaires pour rendre parfaitement ces échelles sont obtenus en éloignant légèrement la flûte de l'axe de la bouche). La justesse obtenue est remarquable de précision, c'est d'ailleurs indispensable puisque la mélodie dans la modalité non tempérée ne supporte pas d'approximations s'agissant de la justesse.

L'instrument se décline en de nombreuses tailles correspondant chacune à un ton différent. Ainsi, les flûtistes orientaux, pour éviter les transpositions par les doigtés, disposent en général de plusieurs neys, dont chacun donne un fondamental et un registre différents. Ils peuvent ainsi transposer en conservant leurs doigtés et jouer de concert avec différents instruments et chanteurs. Ceci est une pratique courante pour le nayati (joueur de nay) arabe, mais aussi du musicien turc (qui joue souvent sur une paire de ney, par exemple un mansour et un kiz) ou persan.

Le nay arabe est constitué d’un simple roseau formé de 9 segments (8 nœuds) ouvert aux deux extrémités, dépourvu d'encoche mais biseauté à l'extérieur de l'embouchure.

Il comporte six trous de jeu antérieurs, répartis en deux groupes similaires de trois placés dans les sixième, septième et huitième segments, et un trou postérieur situé au milieu de l'instrument, qui est bouché par le  pouce.

C'est le plus petit des trois types avec en moyenne 40 à 60 cm de long, et c'est aussi le modèle le plus ancien, dont les deux autres, turque et persan, découlent.
Le ney turc connait une évolution propre depuis le
XIIIe siècle, mais le corps de l'instrument est absolument semblable à la description donnée pour le nay arabe. La différence essentielle réside d'une part dans le rajout d'une embouchure, le başpâre, en ivoire, en os, corne ou plastique, et de bagues métalliques pour le  solidifierd'autre part.

C'est le plus grand avec une taille de 70 à 90 cm en moyenne. Il est souvent plus large en proportion que le nayarabe, ce qui a pour effet de favoriser l'émission des sons les plus graves de la flûte. Ceci correspondant bien sûr aux nécessités du répertoire turc, globalement plus grave et méditatif que le répertoire arabe.
Le ney iranien diffère des deux précédents. Il comporte seulement six trous (dont un arrière bouché avec le pouce). Il est biseauté à l'intérieur de l'embouchure et montre une petite encoche, ou bien comporte une bague    métallique, ces deux dispositifs étant associé à une technique de souffle différente, dite technique "dentale", particulièrement spectaculaire et musicale.

Une autre bague de métal vient parfois protéger le pied de l'instrument. Le roseau doit avoir sept segments (six  nœuds) et les trous sont dissymétriques car répartis en un groupe de trois, placés dans les quatrième et cinquième segments, et un groupe de deux placés dans les cinquième et sixième segments. Il est parfois décoré   à la
pyrogravure. Sa taille est de 50 à 70 cm.


                                                                                  NEY

Jeu

On en joue assis en tailleur, sur les
talons, sur une chaise ou encore debout selon les traditions et la qualité de souffle recherchée. On en joue des musiques savantes ou folkloriques en solo comme en ensemble.

La technique de jeu est complexe car l'embouchure est libre et ouverte (contrairement à une flûte à bec) et c'est donc le musicien qui doit contrôler l'émission de son souffle afin que celui-ci produise le son recherché, ce qui dépend aussi du doigté, de la position des lèvres, de la langue, et de l'angle entre les lèvres et le ney. Les micro-intervalles typiques des traditions musicales arabes, turques et persanes sont obtenus par la variation de l'inclinaison relative tête-roseau et l'obturation partielle des trous et de l'embouchure.

Pour jouer du ney arabo-turc, on dispose l'embouche contre sa lèvre inférieure et on incline le roseau selon deux obliquités différentes puis, en avançant les lèvres, on forme un trou rond de trois millimètres de diamètre. Le souffle doit être léger mais assez fort pour que l'air ne soit pas chaud et que la moitié de l'air soufflé entre dans le ney. Le doigté utilise les premières phalanges et non les pulpes des doigts pour obturer les trous.

Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Nay_(musique)

  • Jean During, La musique iranienne, tradition et évolution (mémoire n°38), éd. Recherche sur les civilisations, Paris, 1984
  • Kurt et Ursula Reinhard, Turquie, collection "Les traditions musicales" , sous la direction d'A. Daniélou, éd Buchet-Chastel, Paris, 1969
  • Baron Rodolphe d'Erlanger, La musique arabe (6 tomes), éd P. Geuthner, Paris, 1949

Publié dans Instruments de musique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
N
Bonjour , je parle aujourd'hui d'un joueur de Ney Turc Un peu moderne ,, je mets votre article en lien..<br /> Amitiés de Turquie.
Répondre
C
<br /> Bonjour Nina,<br /> <br /> Je me ferais un plaisir de lire votre article. Merci de mettre l'article sur le Ney en Lien.<br /> <br /> Musicalement<br /> <br /> <br />